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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 17:02

Comme je le fais pour d'autres de mes poèmes,

j'ai envie, aujourd'hui, de rediffuser "Femme".. 

J'ai vraiment un petit faible pour lui...

de la même façon que j'aie un faible pour "elle"

 

 

Porteuse-de-pain.jpg

 

La douceur, c'est toi, Femme-caresse,

La beauté c'est toi, Femme-déesse,

Et l’amour c'est toi, Femme-maîtresse.

 

Les mots justes, oui c’est encore toi,

Car l’amitié vraie est ta loi…

Si l’on te trompe, il est des fois

Où l’on peut lire, dans tes regards,

Que ce n’est pas dû au seul hasard.

 

Si de l’humain tu es l’essentielle…

Lorsque tu lèves les yeux au ciel,

Tu y découvres les étincelles

Qui ne sont données à voir qu’à femme,

Car c’est en elle, qu’est née la flamme

 

Icelle qui manque à nous, les hommes,

Depuis ce jour où, croquant la pomme,

Nous nous fîmes bêtes, ou c’est tout comme…

En toi, il demeura la sagesse,

En toi, il demeura la faiblesse…

 

Mais la Force est toi, Femme-tristesse,

Même si en toi, Femme-détresse,

Par nos erreurs, tu es pécheresse.

 

Signature 4

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 16:09
Vahiné
Danseuse arabeDanseuse 5 Danse tahitienne
 
 

 

Le Tamouré, tout le monde connaît !

Je regrette de ne pas avoir pu aller rendre visite

au plus jeune de mes fils, lorsqu'il a passé deux années

à Bora-Bora et à Tahiti...

 

 

signature 3
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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 15:21

Chimiste 2

 

"Post coïtum animal triste"

Nous avons appris, lorsqu'écoliers nous usions nos fonds de culottes sur les bancs de classes sombres, où les effluves des porcelaines fleuraient bon l'encre, bleue ou rouge, que l'on versait chaque matin dans les encriers (ouf ! respirez), que le ver de terre, une annélidé savamment nommé Lombric, n'était, en fait, qu'un tube digestif.... ! Ouh, j'entends bien vos sarcasmes depuis mon fauteuil : "Quelle poésie pour en arriver à nous parler d'un vulgaire ver de terre !"... Et bien, pas si vulgaire que cela, puisqu'essentiel à la pérénisation du sol de notre planète, qu'il avale et fertilise !


vue ventrale

Notre "animal", en effet, absorbe sa nourriture par une extremité de son long corps annelé, et la rejette par l'autre ! Mais, direz -vous, il en va de même pour tout être vivant ! Oui, à la nuance près que la plupart des autres créatures ont leur "tube digestif" parsemé d'obstacles divers : estomac, panse, jabot, ou l'un ou l'autre ensemble. Sans compter, pour les plus élaborées, quelques glandes et viscères qui interviennent dans le cours du transit, en déversant sucs ou autres ingrédients destinés à parfaire l'assimilation des aliments par l'organisme. C'est la digestion !


Venons-en donc à parler de ce qui est la clef de voûte de mon argumentation : l'Envie ou Désir. Vous allez encore sursauter et dire : "Mais qu'est-ce que cela a à faire avec le Lombric ?
 Je m'explique...

Avoir faim, c'est ressentir, éprouver un désir. Avoir envie de manger quelque chose, c'est sans doute déjà aimer ce quelque chose ! Ce parallèle n'est d'ailleurs pas de moi, j'ai dû le lire dans un quelconque ouvrage... (que l'auteur me pardonne !) On peut donc en déduire qu'avoir de l'appétit, c'est désirer, c'est aimer ce que l'on voudrait absorber !


Dans la même ligne, toujours après cette fameuse lecture qui m'a inspiré, je peux affirmer que le plaisir que l'on éprouve à absorber quelque chose que l'on aime, c'est du Bonheur !... 

  Par extension, l'acte qui consiste à évacuer ladite chose, procure aussi du plaisir. Qui oserait prétendre n'en avoir jamais éprouvé, en se libérant d'un "besoin naturel" ? Car il s'agit bien là d'un plaisir, ou bonheur, par la "libération"

J'en viens donc au fait : l'Amour, avec un grand A, le Désir avec un grand D ! Qu'est-ce donc de plus qu'un principe identique à celui décrit plus haut ? Aimer quelqu'un, et désirer en venir à l'acte physique ou/et charnel d'amour, c'est en avoir Envie. L'une ou l'autre des "parties" en présence dit bien, souvent : "J'ai envie de toi" !

 

 4242303493_f07377980e.jpg


Mais l'acte physique ou/et charnel d'amour, le fameux Coït, n'est qu'une autre forme de cette nécessité biologique de se nourrir ! Eh oui, réfléchissez... Dans le "baiser" c'est bien d'absorbtion ou de don, dont il est question, avec toujours ce plaisir, ce bonheur que celà procure. On sait aujourd'hui que le baiser n'est pas seulement un "partage", mais aussi, chez l'homme, déjà une "pénétration", et surtout un échange d'hormones dont la mission, étant ingérées par "le ou la partenaire" est de le ou la phagositer, de l'absorber !

 

(Petite appartée : l'échange d'hormones par le baiser, serait aussi un facteur important dans l'entretien du "désir", d'après de très doctes et scientifiques revues. La testostérone jouerait chez la femme un rôle de "simulateur sexuel", comme chez l'homme le ferait la progéstèrone qu'il absorbe... !).

 

Dans l'acte sexuel, fort justement et médicalement appelé  "libération" chez l'homme, c'est bien de ce plaisir, ou bonheur, d'évacuation dont il est question ! Ainsi, hors les données sociologiques de perpétuation de l'espèce, ou philosophiques de sublimation de la nature de ces sentiments, tout se résout à un schéma fort simple, celui du ver de terre, ce tube qui absorbe d'un côté, et rejette de l'autre (C.Q.F.D.). Ne parle-t-on pas, par ailleurs, du "gros appétit sexuel" de certains individus ?

 

Lorsque vous prétendez "aimer quelqu'un", ou simplement "l'aimer bien", vous proférez, sans le vouloir et le savoir, des pensées "anthropophagiques" ! : "On le ou la mangerait" ! "Il ou elle est "à croquer" ! L'amour platonique relève d'un autre phénomène, ou la suggestion domine de la même façon que chez le gourmand, qui fait abstinence pour maigrir, par exemple.

signature 3


Heureusement, dans la plupart des cas, on ne le fait pas ! Savez-vous que l'on prétend qu'aux U.S.A , les femmes reconnaissent les "qualités sexuelles" d'un homme à sa façon de se tenir à table... Méfiez-vous, Messieurs, de manger trop vite... cela ne pardonne pas, paraît-il !!! Pour les Américaines, un homme qui mange vite est un homme ... "rapide au lit" !

Méditons en n'oubliant pas qu'aimer quelqu'un, ce n'est pas forcément vouloir le dévorer ! Encore que la philosophie première des cannibales devait être "aimer son prochain commé soi - même" ! 

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 18:18

 Chat-saute-sur-pattes.gif

 

Un petit garçon demande à son père :
"Papa, combien ça coûte pour se marier ?"

Et le père répond :
"Je ne sais pas. Je suis encore en train de payer."

 

famille_pt-3.gif

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 18:12

Jeunes-maries.jpg

 

Faites semblant, pendant votre mariage,

de ne pas être mariés et tout ira bien...

 

Carl Jonas Love Almqvist

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 15:11

Voilà Mousse,

 "du" Magritte comme tu me l'as demandé !!!

 

Magritte-1.jpg

Magritte-2.jpg

Magritte-3.jpg

Magritte-4.jpg

 

Belle soirée à toutes et tous

 

Signature Pierrot-François

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 09:17

Comme chacun le sait, avec Warhol,

nous entrons dans le domaine du Pop Art'...

C'est différent du "travail" de Dali ou Waren,

mais ô combien intéressant aussi...

 

 

Wharol-1.jpg

Wharol-2.jpg

warhol-andy-marilyn-monroe-portfolio-of-ten-5800015-3de16.jpg

 

Mais, n'oublions pas Magrite (à venir...)

dont les oeuvres sont "extra-ormidables !"

Mais ce n'est là que mon avis !

 

Signature Pierrot-François

 

 

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 08:48

 

Allez, à la demande générale (?),

 

 

un dernier petit tour dans les étoiles...

 (pour écoutez la musique, éteignez celle de fond du Blog, à droite)

 

Constellation-de-la-Tete-de-Cheval.jpg

Nebuleuse-du-Cone.jpg

Nebuleuse-Dentelle.jpg

Nebuleuse-de-l-Oeil-de-Chat.jpg

 

J'espère que cela vous aura plu ?

Pensez, en admirant ces images,

qu'elles sont "le passé" de notre Univers,

car leurs lumières, pour certaines,

ont mis des milliers d'années

pour parvenir jusqu'à nous !

 

Signature PFJ Space 

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 19:41

Oui, Armstrong lui aussi fait des peintures merveilleuses,

 mais son thème c'est plus Tritons et Sirènes, jugez plutôt !

 

Sirene-Armstrong-1.jpg

Sirene-Armstrong-9.jpgSirene-Armstrong-2.jpgSirene-Armstrong-7.jpg 

Signature Pierrot-François

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 16:31

Ré-édition pour la communauté  "Le grimoire du Royaume"
LES VERSETS MERVEILLEUX

Livre 4


L'histoire que je vais vous conter, malgré ce que l'on a pu en dire, autour de vous ou dans une certaine presse à sensation, est absolument véridique ! Vous me rétorquerez, et vous aurez raison, "qu'est-ce qu'un policier comme moi, Peter Young, peut bien dire de plus qui n'a déjà été dit sur  l'affaire Cyborg 47132428 ? Eh bien, si vous le voulez, lisez mon histoire, et vous verrez que la vérité est parfois à des années-lumière de ce que l'on imagine ...

Souvenez-vous. Tout a commencé ce matin du 14 Mai 2982, lorsque me fut confié, par la Police Judiciaire Galactique, dont je suis un des plus brillants agents, la plus troublante des affaires de ce satané trentième siècle!

" Ah ! Peter ! Je vous attendais ... Asseyez-vous donc, et écoutez attentivement ce que j'ai à vous dire !"

Je connaissais bien ce genre d'entrée en matière, de la part de John Split, mon patron à la PJG. Confortablement installé derrière son immense bureau, il attendit que je sois moi-même assis pour me tendre, sans ajouter un mot, une photographie en trois dimensions, une grapholographie, de ce qui semblait être une jeune femme. Je regardai avec intérêt le document, puis, levant les yeux d'un air interrogateur, je le reposai sur le bureau, entre nous deux.

" Catherine Shogloff - marmonna-t-il, évasif - çà vous rappelle sans doute quelque chose ?

-Hum ... "

Je fouillai mon cerveau à la recherche du moindre petit indice ... rien !

" Non - répondis-je.

- Tonnerre ! Rien ne vous rappelle jamais rien ! - explosât-il, alors que je me ramassais sur mon siège - Catherine Shogloff ! Yaroum Shogloff ! L'ambassadeur de la République d'Altaïr, çà ne vous dit toujours rien ?"

Bon sang ! J'y étais ! Qui ne se souvient de Catherine Shogloff ? Elle avait " défrayé la chronique" (comme on dit lorsque l'on utilise un langage châtié), il y a quelques années. En fait, elle avait été la première Terrienne à épouser un Extra-terrestre ... Avec tout ce que ce terme traîne derrière lui d'odeur de souffre et d'étrangeté ! Tout au moins jadis, car aujourd'hui, on ne les appelle même plus des extra-terrestres, mais, qu'ils soient humanoïdes ou pas, on les nomme Altaïriens, Cygniens, ou Bételgiens selon leur système d'origine. Les Altaïriens sont des humanoïdes, des gens faits comme vous et moi, enfin plutôt comme moi, car vous ... Enfin, à part ses oreilles pointues et ses deux mètres cinquante, Yarum Shogloff était un bien bel homme ! Pas étonnant que Catherine en soit tombée amoureuse. D'ailleurs, comme je vous le disais, elle n'a été que la première d'une longue série. A croire que nous autres, Terriens mâles, n'offront plus aucun attrait pour nos femmes de la Terre ! Bon, bref ...

" On l'a retrouvée assassinée, à bord de son yacht intergalactique ! - lança John.

- Diable ! L'affaire me paraît simple. Un vaisseau spatial est un lieu assez restreint, et le meurtrier ne peut être qu'un membre de l'équipage ...

- Il n'y avait pas d'équipage ! Enfin, pas d'humains ou d'humanoïdes à bord. Rien que des robots ! Et vous savez très bien que les robots ne peuvent attenter à la vie d'un être vivant ! "

Oui, cela je le savais, comme tout un chacun. C'est une des lois fondamentales de la cybernétique moderne. Un robot, cyborg ou androïde, ne peut agresser ou avoir la moindre "mauvaise" pensée à l'égard d'un être vivant, car un système d'autodestruction le volatilise sur le champ.

" Alors ? - fis-je, sceptique.

- Alors ? Alors ? C'est bien ce que je vous demande d'éclaircir ! Vous partez demain matin pour Mars ... Le yatch de Yarum Shogloff est en orbite autour de la planète rouge, interdit à toute visite, sous la surveillance des Forces de Polices Martiennes. Votre ordre de mission est prêt, et votre passage retenu sur la navette. Tâchez d'élucider cette sale histoire au plus tôt. Nous ne tenons pas à avoir un incident diplomatique avec Altaïr ! Je vous ai préparé un dossier que vous aurez le loisir d'étudier pendant votre voyage. Je ne vous retiens pas ... A bientôt, et tenez-moi au courant !"

Ce " nous " qu'il avait employé laissait entendre qu'On souhaitait voir l'affaire élucidée au plus haut niveau ... Je me levai, lançai, en lui serrant la main, un banal " OK John à bientôt ", et refermai la porte du bureau derrière moi. A peine fus-je dans le hall, la main encore sur la poignée, que j'entendis John hurler à mon adresse: "Elisabeth part avec vous !"

Je bondis dans la pièce, regardai John avec un air mauvais, tandis que celui-ci, les yeux baissés sur un dossier, faisait mine de ne plus s'intéresser à moi ! Je claquai la porte en jurant et, enfonçant les deux poings dans les poches de mon blouson, me dirigeai vers la sortie... Elisabeth !!!!

Mon sac de voyage bouclé, je m'apprêtais à passer la soirée chez moi, à me détendre et à dormir un maximum d'heures, afin d'être en pleine forme pour le voyage. Mollement allongé sur mon lit, je parcourai un recueil de nouvelles d'un auteur français du passé, un certain P.F.J., de la bonne Science-fiction, ma foi. Le truc idéal pour m'endormir !

C'est alors que le carillon de l'entrée sonna stridemment. La porte, que je ne ferme jamais, s'ouvrit lentement, avant que je n'ai eu le temps de me lever. Un visage réjoui s'insinua dans l'entrebâillement :

" Hello! Peter... salut... déjà au lit ?"

Je vois, à votre regard éclairé, que vous avez compris : c'était Elisabeth.

" Salut ... entre - criai-je, furieux - que me veux-tu à l'heure qu'il est ? Ne peux-tu laisser dormir les braves gens ?

- Désolée, mon amour, je ne ...

- Ne m'appelle pas Ton amour! Je t'ai déjà dit un million de fois que je ne veux rien être d'autre, pour toi, qu'un..." Je n'avais pas [mi de dire cela qu'elle m'avait imprimé, sur le front, ses lèvres badigeonnées, d'ailleurs, d'un rouge à lèvre du plus mauvais goût (non, non, la couleur !).

Elle s'assit au pied de mon lit, avec un énorme dossier sur les genoux.

" Tiens - fit-elle en me jetant le paquet sur le ventre - j'ai réuni toute la doc' possible sur la mère Shogloff !

- Mais, tu es complètement folle ! Je me fous de ton dossier. Je veux dormir, tu entends ? Dormir!

- Bon, n'en parlons plus - minauda-t-elle - nous verrons cela demain, dans la navette ... Tu m'offres un dernier verre ?

- Non, je ne t'offre pas de verre. Laisse-moi donc dormir et fais-en autant! Cela te fera le plus grand bien !

- Bon ... "

Elle se leva et sortit de ma chambre, en m'adressant un sourire que je trouvai bizarre, très bizarre ... Voilà une affaire expédiée, pensai-je, en me replongeant dans ma lecture. Le type, dans l'histoire que je venais de commencer, avait inventé une espèce de Machine à Remonter le Temps ... La nouvelle s'intitulait " L'Immuable ". Passionnant. Le type débarque un beau matin dans son passé ! Quel choc ! Choc ? Non, ce n'est pas un choc, c'est plutôt quelque chose qui vient de tomber dans ma salle de bain. Non, ce n'est pas possible ! Pas çà ! Je me lève d'un bond et fonce, comme un fou furieux, ouvre la porte et... et la referme aussitôt. Elisabeth vient de prendre une douche et finit de se sécher, dans MON peignoir!

" Elisabeth, je compte jusqu'à trois. Si tu n'es pas habillée dans trois secondes, je te jette dehors telle que tu es ... "

La porte s'ouvre, et mon Elisabeth, dans Mon peignoir, sort en se frictionnant énergiquement la tête dans une immense serviette.

" Qu'est-ce que tu disais, mon amour? - feint-elle de s'enquérir.

Puis elle me passe sous le nez et va s'asseoir sur le lit.

Petite parenthèse si vous voulez bien. Vous allez vous dire, ce type est complètement cinglé, ou bien il faut qu'elle soit très laide ou très bête ! Alors, là, je ne vous trouve pas élégant du tout... Elisabeth est une très jolie fille. Vingt cinq ans, brune, des yeux merveilleux, et loin d'être stupide ... Seulement, voilà, elle s'est mis dans la tête de vivre avec moi. Mais moi, je ne veux mais alors pas du tout... c'est clair ? Ne me demandez pas plus de détails, c'est ainsi. Et puis cela ne vous regarde pas ! Fermez la parenthèse.

" Elisabeth, mon petit, vous filez un très mauvais coton ˆfis-je, sentencieux.

- Oui, Papa - me répondit-elle, le pouce dans la bouche.

- Ecoute, demain nous avons un long et très fatiguant voyage!

- Tu sais très bien, mon amour, que les vaisseaux spatiaux modernes sont à ce point confortable que l'on ne se rend même pas compte du décollage. Sans parler des salons et des restaurants de bord, avec leurs piscines, leurs saunas, leurs vidéothèques et leurs salles de billard ! Non, mon amour, tu ne me feras pas croire que tu es si fragile que tu ne puisses supporter un bref séjour dans un tel palace ... "

Elisabeth commençait à hausser le ton, et je savais comment cela allait finir. Crise de nerfs, cris tout court, pleurs etc. ... Et moi, pauvre idiot qui allait la prendre dans mes bras et la consoler. .. Vous voyez la suite ? Enfin, vous ne verrez rien, d'ailleurs. Bonne nuit !

 

Effectivement, nous ne ressentîmes pas la moindre gêne lors du décollage. Tout juste une légère sensation au creux de l'estomac. Je jetai un coup d'oeil par le hublot de ma cabine. Nous étions déjà loin de la Terre. Elle apparaissait comme une grosse boule bleue dans le ciel noir constellé d'une infinité d'étoiles. Je ne me lasserai jamais de ce spectacle. J'avais dû m'assoupir après le départ, car nous filions déjà vers notre destination depuis trois bonnes heures, ainsi que je pus le vérifier sur mon chrono-bracelet. J'avais peu dormi, il est vrai, la veille. Non, ce n'est pas ce que vous croyez ... J'avais fini par persuader Elisabeth que nous pourrions aller faire un tour avant de dormir. Et puis là, attablés tous deux autour d'un verre, je m'étais montré de la plus extrême goujaterie. Nous étions rentrés chacun de notre côté. Je n'avais pas revu Elisabeth depuis, pas même au contrôle d'embarquement. Elle n'allait pas tarder à se manifester.

Je décidai d'aller faire une petite balade de reconnaissance dans le vaisseau, et me dirigeai tout droit vers le bar. Une foule de consommateurs était déjà là, dans l'immense salle aux baies vitrées. Le spectacle était prodigieux !
Une grande station orbitale croisait dans nos parages. Des lumières fantastiques jouaient sur ses flancs en un ballet féerique; telles des lucioles, des points lumineux virevoltaient autour de la grande roue; des hommes en scaphandre, sans doute, ou de petits véhicules de transport ?

Deux mains m'enserrèrent la taille, tandis qu'une tête brune se posait sur mon épaule. Je me retournai, m'arrachant à ma contemplation.

" Bonjour, Elisabeth - fis-je en lui collant une bise sonore sur chaque joue.

- Bonjour, grande brute" - répondit-elle, d'un ton qui se voulait réprobateur, mais qui ne l'était, en fait, pas du tout.

Elisabeth a cela de bien qu'elle n'est pas rancunière, ce qui n'est pas la moindre des choses avec un ours comme moi.

" Bien dormi, mon amour ? - ajouta-t-elle

- Oui, merci, et toi ?

- Bof ! Tu sais, je m'en veux un peu pour hier soir.

- Mais non, c'est moi qui me suis montré impossible - fis-je, convainquant - Tiens, pour me faire pardonner, je t'invite à déjeuner à ma table. Ensuite, nous commencerons à étudier le Dossier Shogloff.

Nous nous installâmes à une table, près d'une baie, et commandâmes un copieux déjeuner" à la française ".

Là, si vous permettez, je change de temps. C'est très désagréable de raconter mon histoire au passé simple. Présent narratif, donc, si vous le voulez bien.

" Voilà en quelques mots ce que nous savons de l'affaire - commence Elisabeth, en suçant une olive, un verre de Gin dans la main gauche, la droite triturant un épais dossier à la couverture noir et sang, très stendhalien, donc !

- Buvons d'abord à quelque chose - dis-je en approchant mon verre du sien.

- A nos amours ?

- A notre mission, si tu veux bien !"

J'avale le contenu de mon verre d'un coup sec, et cale ma tête entre mes mains, dans la position de celui qui veut paraître très attentif à ce qu'on lui raconte. Et Elisabeth parle, elle parle et j'écoute, j'écoute et je pense, je pense et mon esprit va beaucoup plus vite que les mots. J'échafaude déjà mille hypothèses, et mille et une contre-hypothèses viennent contrebalancer celles-ci. Enfin ... que voulez-vous qu'il soit arrivé à une femme voyageant seule à bord d'un yacht galactique, avec une poignée de robots obéissants et réglés dans le moindre de leurs gestes, pour ne pas attenter à la santé, ou à la vie, d'un être vivant ? Seul un autre être humain, ou un humanoïde, a pu assassiner Catherine Shogloff. Qui ? Pourquoi ? C'est ce qu'il va falloir découvrir ...  Je me penche vers Elisabeth qui continue à parler sans même savoir si je l'écoute encore, lui retire délicatement le dossier des mains, et le pose sur le côté de la table, de telle manière que la serveuse, qui arrive avec nos entrées, puisse les poser devant nous.

" Cela fait beaucoup trop, Mademoiselle ! Comment avez-vous pu passer ceci à l'embarquement ? Il va falloir que vous me suiviez. Vous risquez une forte amende ...

- Mais je vous assure - implore Elisabeth - on ne m'a rien dit "là-bas" ! C'est que cela doit être autorisé !

- Que se passe-t-il ? - fais-je en m'approchant.

- Ne vous mêlez pas de cela, Monsieur - me répond l'officier.

- Je suis avec Mademoiselle - interviens-je, le ton volontaire et significatif - qu'avez-vous à lui reprocher ?"

Pour toute réponse, le gars ouvre le sac d'Elisabeth et me le met sous le nez. Un vrai capharnaüm !! Camera vidéo-laser 3D, magnétholoscope, appareils-photo-laser ...

"Mais, enfin, Elisabeth, où as-tu trouvé tout cela ?

- C'est un copain, enfin, un ami qui m'a aidé à embarquer tout çà ...

- Pour quel usage ? Te voilà journaliste, à présent ?

- Peter, mon chéri, imagine le fric qu'on peut se faire avec un tel reportage !

- Ecoute, mon petit, il fallait entrer dans une société de télévision, et non dans la Police ... Te rends-tu compte du pétrin dans lequel tu nous mets ?

- Quand vous aurez fini votre scène de ménage - me fait l'officier - peut-être voudrez-vous me suivre ? "

Je sors alors ma carte d'Officier Fédéral et la lui colle en face des yeux.

" Ah, bon, - dit-il - je vois qu'il n'y a pas grand-chose à tenter contre vous ?! Pourtant, je suis obligé de confisquer le matériel. Vous vous en tirez bien, Mademoiselle ! Heureusement pour vous que votre ami soit un Fédéral !"

Pour toute réponse, Elisabeth, vexée, sort sa propre carte de Police, l'exhibe à l'Officier interloqué, et file vers la sortie en ondulant des reins. Je fais une moue dubitative au gars, et sors à la suite de ma collègue.
Un grand type à la mine joviale s'interpose soudain entre la sortie et nous.

" S'cusez, - fait-il, en portant deux doigts de la main droite à son front - je crois bien que c'est vous que je cherche. Vous venez pour le meurtre de Catherine Shogloff ?
- C'est cela même - répond Elisabeth.

- Alors vous êtes Peter Young et Elisabeth Count ? Enchanté. Je me nomme Hilary Tooth, et j'ai mission de vous aider dans vos recherches. Je représente ici la Police Martienne. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites appel à moi. Je peux pratiquement TOUT. OK ?

Un petit silence suit ces fortes paroles, que chacun met à profit pour jauger l'autre. Elisabeth le rompt la première :

" Dites, pouvez-vous m'indiquer quelque chose ?

- C'est exactement ce que je viens de vous dire - fait Hilary, ravi de l'aubaine.

- Où sont les toilettes, s'il vous plaît ?"

Je pouffe de rire. Imprévisible ... Elle n'est pas bien, mon Elisabeth ? ...


Un frisson immense secoua toutes choses lorsque l'aube millénaire se leva sur ce monde encore neuf, où la Nature balbutiait ses premières créations. La végétation luxuriante abritait une vie aux formes insensées. Les grands marais grouillaient de reptiles et d'insectes, la plaine était couverte d'herbivores et de carnassiers. Les derniers mastodontes se faisaient disputer la pâture par les mammouths aux jambes solides et aux défenses redoutables. Les grands eucalyptus eux-mêmes ne résistaient pas aux formidables coups de boutoir des monstrueuses bêtes, lorsqu'elles décidaient, mues par Dieu sait quel instinct, de se frayer un passage dans la forêt dense et inquiétante de ces premiers jours du monde.

Un soleil timide perça soudain dans les nuées, éclairant d'un jour irréel les vapeurs cotonneuses de la nuit passée. La rosée scintilla de mille feux avant de prendre son envol vers le firmament, où voletaient déjà les premiers oiseaux du matin. Ce fut comme un signal qui déclencha un concert de cris et de bruits divers, semblant jaillir de nulle part. Une cacophonie montait de la Terre, telle une louange maladroite au Créateur.

La grande muraille basaltique qui surplombait ce théâtre dantesque n'était pas absente de ce chant d'allégresse. De ses flancs percés de grottes et de cavernes, une rumeur montait qui trahissait la présence d'une vie intense en son sein. Un machairodus rugit au loin qui interrompit un instant la quiétude toute fraîche de la faune alentour. La chasse commençait, et la vie avec elle, car il fallait tuer, en ces temps lointains, pour ne pas être tué soi-même. Le moment du réveil passé, chacun raviva ses instincts de survie. L'oiseau sur sa branche se tint coït, les protohyppus établirent leurs tours de veille, pendant que les derniers reptiles se tapirent dans les roseaux, prêts à happer les imprudents qui oseraient s'y aventurer.

D'un trou immense dans la muraille, une silhouette gauche et hirsute surgit en poussant des grognements rauques et rugueux. Appuyé sur le dos de ses mains, l'homme, mais en était-ce un, avança jusqu'au bord de l'aplomb rocheux et huma l'air humide de ses immenses narines poilues. Il fut bientôt rejoint par un autre, puis deux, puis trois ... Une quinzaine d'individus, mâles et femelles, jeunes ou moins jeunes, s'agitaient là, se bousculant, se lançant des coups de pattes ou des ruades. Se fut vite une mêlée indescriptible où chacun essayait de s'en tirer à son avantage. En fait, ils se disputaient le cadavre d'un gros rongeur, venu sans doute expirer là dans la nuit. Le calme revint enfin, quand chacun d'eux eût en main un lambeau de chair ou un os sanguinolent. Ce festin improvisé permit à la horde de s'accorder quelques heures de répit avant de partir en quête de nourriture.

Le soleil était à son zénith, lorsque quelques uns se décidèrent à descendre de leur promontoire, pour s'aventurer dans la plaine proche. Armés de grosses branches ou de cailloux, les plus robustes ouvraient la marche, écartant prudemment les grandes fougères et se retournant sans cesse. De leurs petits yeux, enfouis sous de proéminents sourcils broussailleux, ils fouillaient du regard l'espace environnant, craignant d'être surpris par quelque carnassier, ou herbivore belliqueux. Ils marchaient depuis peu, lorsqu'un rugissement monstrueux s'abattit soudain sur eux. Un mégathérium, sorte d'ours géant, se dressait devant eux, battant l'air de ses deux antérieurs aux pattes munies de griffes longues comme un bras d'homme. Tous s'enfuirent comme une volée de moineaux, en tous sens, en poussant des cris stridents. L'animal, en bon herbivore qu'il était, n'accorda pas plus d'attention à ces bêtes minuscules, et entreprit tranquillement de brouter le sommet d'un grand acacia qui avait eu la très mauvaise idée de pousser là ! La horde se regroupa bientôt au bord du marais. Le plus robuste des mâles, aux larges épaules couvertes de poils roussis de sueur, eût l'air de tenir un discours à grand renfort de gestes et de cris graves. Tous se tapirent autour de lui. Une femelle aux poils blancs arriva, sans doute retardée par le petit qu'elle traînait derrière elle par une main, et vint se blottir près du grand mâle, son enfant dans les bras. Les derniers grognements s'éteignirent et tous firent silence. Un bruissement monta des herbes qui s'écartèrent alors devant la horde. Une bête verticale apparut, droite sur ses deux jambes, imberbe, à la peau noire et d'une stature impressionnante. Le colosse velu se jeta au-devant du nouveau-venu en le menaçant de son bout de bois. L'autre fit face, brandit son épieu effilé au-dessus de sa tête, et, d'un geste rapide, frappa la brute au visage. Il y eût un moment où plus rien ne se passa. Le géant ne bougeait pas, observant de ses grands yeux jaunes, à la fois le chef abattu et la horde menaçante. Le petit homme trapu se releva enfin et recula prudemment sans perdre du regard son vainqueur. Il était visiblement intrigué par l'aspect de cet être qui, à première vue était semblable à lui. La différence tenait dans la stature, plus haute, la peau noire et imberbe, si ce n'est une toison crépue sur la tête, et le visage plat et expressif. Sur un signal du chef, tous se ruèrent soudain sur l'homme et le maîtrisèrent rapidement. Le géant ne bougeait plus. Ses quatre membres brisés le torturaient, mais il ouvrit les yeux, toujours pleinement maître de ses esprits. Les autres, après l'avoir copieusement frappé et lacéré de leurs ongles, le palpaient maintenant, comme des enfants curieux devant une merveille inconnue. L'homme gémit et tous reculèrent... Une femelle s'approcha, prudente, et abattit une lourde pierre sur le thorax de l'étrange créature. Un grand mâle lui martela le visage de sa massue, puis urina sur les plaies. Quand le géant ne bougea plus, une autre femelle, plus jeune apparemment, lui saisit une jambe et déchira son mollet de ses dents pointues et sales. Ce fut alors la curée, et, en quelques instants, il ne resta rien qui ressemblât à un homme de la dépouille du géant. Repue, la horde se replia sous un bosquet d'acacias, pour digérer, à l'abri du soleil pesant de cette fin de matinée. Le chef, un tibia sanguinolent à la main, choisit le meilleur endroit pour s'allonger, laissant aux autres mâles le soin de monter la garde. Une jeune femelle qui se couchait tout près, fut brutalement saisie par la brute qui eût un coït rapide avec elle, avant de la repousser vers les autres mâles qui se la disputèrent un moment. Le calme s'établit bientôt et les heures passèrent mollement, bercées par le bruissement des feuillages et les pépiements des volatiles qui nichaient là. Un peu avant la tombée de la nuit, les femelles se mirent à gratter le sol de leurs mains pour recueillir une moisson de racines tendres qu'elles donnèrent aux plus jeunes. Ils entreprirent de regagner leur grotte alors que la fraîcheur du soir tombait maintenant sur la plaine. La marche débuta pour tout ce petit monde, promesse d'embûches nouvelles et de dangers potentiels. Les mâles ouvraient toujours le passage de leurs bâtons, les uns se grattant l'anus, d'autres faisant leurs besoins naturels sans même s'arrêter... Derrière, les femelles ne cherchaient même pas à éviter les déjections dans lesquelles elles trainaient leurs rejetons. Un monde de puanteurs mêlées des douces senteurs de la végétation encore printanière pour cette époque de l'année. Ils arrivèrent au pied de la muraille, sans avoir, somme toute, fait de fâcheuse rencontre, si ce n'est un auroch, un vieux solitaire presque aveugle, qui fit mine de les charger un instant. Une surprise de taille les attendait lorsqu'ils commencèrent à gravir l'éboulis qui menait à l'entrée de la grotte. Ils furent accueillis par un bombardement de pierres et de débris osseux. Une foule de géants noirs aux cheveux crépus avait pris possession de leur demeure et en défendait l'accès ! Les préhominiens poussaient des hurlements de rage et d'impuissance devant ce nouveau coup du sort. Ils étaient dépossédés de leur bien par ces êtres étranges, eux qui étaient nés et avaient toujours vécu là ... Quels étaient donc ces envahisseurs ? De quels territoires étaient-ils venus ? Peut-être le leur était-il vide de tout gibier ? Les êtres velus, avec leur intelligence encore bien primitive, n'avaient qu'une idée: reprendre leur propriété et s'y abriter des prédateurs, bêtes ou hommes. Maintes fois, ils essayèrent de donner l'assaut, et autant de fois ils reculèrent devant la détermination des voleurs de grotte. Epuisés, ils renoncèrent enfin, et vaguement conscients du danger qu'ils couraient à rester là, la nuit venue, ils se mirent en quête d'un nouvel abri. Ils longèrent la falaise de basalte pendant un long moment, et aperçurent bientôt une faille sombre à l'allure accueillante. Mal leur prit d'avoir fait cette découverte ! Un machairodus et sa femelle, qui vivaient là, surgirent alors que les sans-logis ne pouvaient plus fuir ... En quelques bonds, les deux félins abattirent toute le horde, hommes, femmes et enfants. Ils emportèrent chacun un cadavre dans leur gueule, et les enfouirent au tréfonds de leur antre pour les dévorer quand la faim se ferait sentir. Oôo se sentit soudain fatigué. Encore que cela soit impropre à plus d'un titre... La fatigue, qu'est-ce ? Oôo est un être immatériel. Mais est-il un être ? Peut-être n'est-il rien, ou tout ? Soudain, cela signifie-t-il quelque chose quand on ne connaît, comme lui, ni début ni fin ... Et comment peut-il, ou elle, comment définir un... être qui n'en est pas un, comment peut-il se sentir fatigué ? Il n'a pas de corps matériel, sans doute est-il pur esprit ? En fait, il pense ... Il est Pensée. Il ne connaît pas Tout, mais il a une mémoire prodigieuse. Il ne sait pas, pourtant, qui il est, d'où il vient, où il va. Il a une perception directe et totale des choses auxquelles il prête attention, au gré de son bon vouloir. Il connaît deux dimensions, l'Espace et le Temps. Il s'y déplace à sa guise. Parfois il embrasse l'Univers d'un seul coup d'œil- si l'on peut imager ainsi le fait - parfois il est particule et s'infiltre dans la queue d'une comète, s'enivrant un instant de vitesse et d'espace. Une fois, il y a très très longtemps, mais comment savoir, il a été planète, puis soleil ...  C'est au hasard d'une de ses fantaisies qu'un jour il L'a rencontrée, Elle ... enfin, Elle, c'est tout à fait subjectif ! Il a ressentit, ce jour-là, qu'une autre pensée que la sienne était là, non pas tout près de lui, car il n'a pas de consistance précise, à un endroit déterminé, mais Avec lui. C'était une sensation fugace, de quelques fractions de milliardièmes de seconde, peut-être, ou de centaines de millions d'années, comment savoir ? Tout ce qu'il en avait retenu, c'était l'éphémère impression d'une présence, différente de ce qu'il était, lui, plus douce, plus... féminine, en un mot. Il avait trouvé cela agréable, passionnant, enivrant, pour autant qu'il pût donner un nom à cela. Mais sa mémoire prodigieuse avait enregistré, une fois pour toutes, cette rencontre, les effets qu'elle avait produit sur lui. Il n'avait de cesse de La retrouver, désormais ! Il fouillait l'univers en tous sens, s'infiltrait dans les soleils, regardait passer les galaxies, glissait au fond des Trous Noirs et dans les brasiers des Novae. Une autre fois, il se fit fourmi, pour aller voir sous terre, si Elle était là ... Une fois encore, il fit éclater une planète comme une noix, pour mieux explorer ses entrailles. Mais, rien ... Il ne trouvait plus trace de cette ... rencontre. Les géants noirs s’étaient endormis dans leur nouvelle demeure, cette grotte, prise de haute lutte aux" velus". Mais, ils avaient perdu leur chef; plus tôt, dans la journée, il était allé faire un tour de reconnaissance vers la rivière proche. Il n'était pas revenu ... Un autre avait pris sa place. Un jeune et vigoureux mâle aux larges épaules. Nul autre ne lui disputait sa chasse ou ses femelles. Seul le chef disparu, jusque là, était plus fort que lui. Le nouveau promu était connu dans la tribu, sous le nom de Che ... Si l'on peut dire qu'il s'agissait là d'un nom. C'était plutôt dû au bruit caractéristique qu'il produisait lorsqu'il se mêlait de déposséder un des siens d'un quartier de viande ou d'un objet qu'il convoitait. De la même façon, d'autres étaient connus sous les appellations aussi diverses que: Oum, Râ, Ourg, Vâ ou Bao ... Le langage naissait, au sein de cette première communauté d'êtres" intelligents". En tout cas, plus intelligents, à différents égards, que la plupart des autres êtres vivant en ces temps du monde. D'autres mammifères aussi, échangeaient des idées, à la base de sons inarticulés et peu nombreux. Les insectes avaient résolu depuis très longtemps leur problème de communication. Ils vivaient déjà en sociétés agencées et structurées, où chacun tenait sa place et assumait un rôle bien défini. Les fourmis en étaient là, elles aussi. Les hommes découvraient seulement le monde, et cette nouvelle race à la peau glabre se préparait sans doute à essaimer et à conquérir la planète. Pour l'instant, ils dormaient tous, sauf Che qui montait la garde, tenant une énorme massue d'une main, croquant un fruit sucré de l'autre, les yeux fixés vers les étoiles, peut-être déjà pensif, et se demandant ce que pouvaient bien être ces points brillants qui s'éteignaient au lever du soleil; le soleil, autre énigme pour un cerveau comme celui de Che ... La lune montait sur l'horizon lorsque la chose se produisit ! Che fut pris d'une sorte de vertige. Une pensée étrangère à la sienne s'insinuait en lui. Son intelligence primaire se mit soudain à croître, à fusionner, plutôt, au contact d'une autre, immense, incommensurable. Puis, il sut... Il n'était plus Che, il était Oôo. Il était Che-Oôo, une addition parfaite, deux connaissances qui n'en faisaient plus qu'une, une sorte de perfection, sans heurt, toute naturelle ... logique.

de Che-Oôo tourna la tête vers la grotte où la horde endormie exhalait une puanteur lourde et repoussante. Il savait qu'il était tout près de celle qu'il cherchait depuis si longtemps. Il n'allait pas se précipiter à sa recherche. Il devait monter la garde, veiller sur les siens. Ce sentiment était nouveau pour lui ... Il avait l'Eternité devant lui ... Elle était si près, qu'il la ressentait au plus profond de son être, comme une onde de plaisir, un parfum de vie, un contact total.

 

Dans l'immensité étoilée, minuscule portion d'Univers entre le Système Solaire et Gama du Centaure, l'hyper-espace s'entrouvrit soudain pour Phil et Fred, officiers en service commandé de la F.C.G., Force Confédérée Galactique.

Une mission toute simple, en fait, pour deux "vieux" bourlingueurs, quoique jeunes et vigoureux, comme Philippe Ledantec et Fred Casovas. Les deux hommes s'affairaient, chacun à ses attributions particulières, dans un silence épais, presque palpable. Le poste de commande de l'ORION, dernier-né de la Flotte Terrienne de la F.C.G., différait de tout ce qui avait été fait jusque là ... Plus le moindre bouton de contrôle, pas la plus insignifiante manette ou poignée ! Tout fonctionnait par le simple frôlement des doigts des navigateurs sur les consoles futuristes. Très absorbés par la lecture et l'interprétation des relevés que les cerveaux de bord débitaient sur les écrans digitaux, ils ne se parlaient même pas, confiants l'un dans l'autre sur la capacité de chacun à préparer la prise de contact prochaine avec l'astroport de Gamma du Centaure. L'astroport était, par ailleurs, le seul havre civilisé de la planète. Depuis sa découverte, deux siècles plus tôt, les hommes n'avaient pas encore pu en explorer toute la surface émergée. De timides missions avaient repéré quelques sites potentiels où créer des postes avancés, à l'usage des nombreux savants qui piaffaient d'impatience de découvertes et d'aventures.

L'ORION leur apportait matière à satisfaction ... Ses flancs regorgeaient de matériels sophistiqués, de petites unités mobiles, hélicos ou chenillettes. On avait même pu y glisser, tel un kit pour grands enfants, une petite usine fissio-atomique en pièces détachées. L'ORION se posa dans un silence impeccable sur la vaste étendue qui jouxtait les bâtiments de l'astroport. Une multitude de techniciens s'affairaient déjà autour du vaisseau lorsque Phil et Fred mirent pied à terre. Un grand gaillard roux les attendait au bas de l'engin, aux commandes d'un petit véhicule sur coussins anti-gravifiques !

" Hello, Phil, Fred ! Heureux de vous voir enfin parmi nous ! - s'exclama l'homme.

- Eddy! - s'écria Fred en levant les bras - Vieux frère, que fais-tu là ? Je te croyais sur Terre, dans ton ranch du Texas, savourant ta retraite ?!

- Montez! Vite ... Je vous expliquerai tout cela devant un bon verre de Bourbon !

- Diable! - s'étonna Phil - du Bourbon? Comment as-tu pu passer du Bourbon au nez et à la barbe des Contrôleurs de Masses ?

- Le métier, mon vieux, c'est le métier qui parle ... "

 


Quelques minutes après, mollement installés dans un salon du petit bar de l’astroport, que les colons avaient aménagé, les trois amis s'offrirent un moment de détente pour fêter leurs retrouvailles. Rien ne manquait à l'ambiance du lieu qui eût pu leur rappeler qu'ils étaient à quatre années-lumière du Système Solaire ...
Quelques plantes en bac synthétique avaient même été amenées de la Terre, pour éviter un dépaysement total. Le mobilier lui-même avait une facture digne des meilleurs fabricants de la planète-patrie.

" Eh bien - commença Fred - avant de passer aux choses sérieuses, il faut que je vous raconte ce qui m'a amené en ce sinistre endroit.

- Oui, raconte -l'interrompit Fred - mais dis-nous d'abord comment vont Mary et ton fils Ted ?!

- Ted est ici, sur la base. Il est adulte maintenant. Il a passé, avec succès, ses examens d'astrophysicien. Il est Chef du Labo de Recherches que nous avons implanté, l'an passé, aux abords de la Cité. Je vous emmènerai le voir plus tard. Quand à Mary, elle m'a quitté il y a plus de trois ans déjà ! Je crois qu'elle ne s'est jamais habituée à notre vie, à la mienne en tout cas ... Aussi, lorsqu'il m'a fallu faire le choix de prendre ma retraite ou pas, j'ai préféré rester actif encore quelques années, histoire de ne pas trouver le temps trop long ...

- Nous sommes navrés de ce qui t'est arrivé - dit Phil- mais heureux du hasard qui nous a fait te rencontrer...

- Ce n'est rien, les gars, le plus dur est passé ! Mon garçon me donne bien d'autres satisfactions. Et puis, qui sait, je serai peut-être bientôt grand-père !

- A quarante-huit ans ? - s'étonna Fred - il ne perd pas de temps, ton rejeton !...

- Pour çà, non ! Vous aurez d'ailleurs l'occasion de rencontrer l'élue. Elle est ici, elle aussi ! Elle est géologue. Sa mission finit dans deux ou trois jours ... Mais, vous ? Quand repartez-vous ?

- Pas avant un bon mois, terrestre s'entend - répondit Phil

- Mais il est temps d'aller faire notre rapport au commandant de la Base ... Est-ce toujours ce vieux râleur de Général Jean Dupuis ?

- Toujours ! Venez donc, je vais vous mener à ses quartiers, puis je vous retrouverai ce soir, au mess. Ah ! Je ne vous ai pas tout dit ... J'ai rempilé comme bagagiste; alors, laissez-moi vos affaires personnelles, je les mettrai dans vos appartements.

- Tu te fous de nous - pouffa Fred.

- Oui, bien sûr ... - fit Eddy en se levant- Je suis toujours le meilleur radionavigateur de tout l'Univers connu ... "

 

La journée avait été rude, pour les deux amis. La chaleur suffocante de l'étoile toute proche, autour de laquelle orbitait Gamma du Centaure, faisait régner à la surface de la planète un climat de serre tropicale. Le déchargement de l'ORION s'était éternisé du fait de la complexité des manœuvres, auxquelles les "rampants" de la base n'étaient pas préparés. L'équipage du vaisseau, sous le commandement de Phil, s'était évertué à conduire les opérations à la perfection. Les techniciens, venus en renfort du Système Solaire, auraient tôt fait d'initier leurs collègues-colons, eux-mêmes de parfaits spécialistes de la technologie de pointe issue des cerveaux terriens.

 On avait attribué aux deux jeunes hommes des appartements contigus. Enfin, si l'on peut appeler ainsi deux petites pièces de deux mètres sur deux, avec pour tout mobilier, un lit, un placard de rangement, une tablette et un fauteuil. Pour leur toilette, ils devraient user, comme tous les colons de la Base, des douches et toilettes collectives. En fait, cela ne les changerait pas beaucoup de la vie à bord de l'ORION ! Dès qu'ils furent rafraîchis et vêtus convenablement, ils se dirigèrent vers le fameux mess dont Eddy leur avait parlé. Sur le chemin, dans une enfilade de couloirs sans fin, ils croisèrent quelques individus qui, à leur mine réjouie, devaient avoir tout juste fini de se restaurer. Certains leur adressèrent un sourire de bienvenue, d'autres les arrêtèrent pour leur demander des nouvelles de la Terre. Ils débouchèrent enfin dans une grande salle, fournie de tables et de fauteuils. Tout au fond, sur leur gauche, une gondole présentait des mets fumants et appétissants. Cherchant du regard quelqu'un de connu, ils aperçurent effectivement, leur tournant le dos, leur compagnon attablé en compagnie d'un jeune homme très élégant et d'une jeune femme blonde. Ceux-ci se levèrent comme un seul à l'arrivée des deux amis.

 

"Fred, Phil, permettez-moi de vous présenter mon fils Ted et ma future belle-fille, Eva !

- Très heureux - firent-ils en chœur, en serrant mutuellement la main..

- Ted ! - s'exclama Fred, abasourdi- je ne t'aurais pas reconnu ! Tu étais haut comme trois pommes la dernière fois que ...

- Il Y a bien longtemps - coupa Ted - mais vous deux, vous ne vieillissez pas ...

- Sympa, ton fils -lança Phil à l'adresse d'Eddy.

- Eddy nous a souvent parlé de vous - intervint la jeune femme, en guise d'introduction à sa propre participation à la conversation naissante

- A l'entendre raconter vos aventures, je m'attendais à rencontrer deux vieux matelots aux rides profondes et aux épaules fatiguées!

- Décidément - minauda Phil - on ne veut pas prêter attention à nos tempes grisonnantes, ce soir ... Soyez certains que nous ne nous en plaindrons pas ...

- Ainsi donc, - reprit Ted - vous allez être des nôtres pendant quelques temps ? Tant mieux. On ne va pas regretter de voir de nouveaux visages parmi nous ! Gageons que si nos trois " bourlingueurs " veulent bien évoquer leurs "virées" galactiques, on ne va pas s'ennuyer ici, ce soir ! Eddy, après avoir commandé un vieux Bourbon, les invita à s'asseoir et à se joindre à eux pour dîner. Tout en mangeant, Fred et Phil, à tour de rôle, donnèrent à leurs hôtes des nouvelles fraîches du Système Solaire, en général, et de la Terre en particulier. Les autres convives ne disaient mot, se gardant bien de les interrompre ou de faire le moindre bruit, passionnés qu'ils étaient par tout ce que leurs amis racontaient. Le dîner se prolongea ainsi, deux heures durant, dans une atmosphère euphorique et chaleureuse. Chacun eut le loisir de mieux écouter, regarder et apprécier les autres. Une sympathie réciproque, presque concrète et tangible, naquit petit à petit entre les membres du groupe. Le reste de la salle ne semblait pas exister pour eux ... Ils ne se rendirent même pas compte que les autres tables s'étaient bizarrement vidées de leurs occupants.

" Voilà à peu près tout ce que l'on pouvait vous dire - conclut Fred - Vous en savez autant que nous sur notre bonne vieille Terre ! A moins que vous ne désiriez aussi savoir ce qui s'est passé ces temps-ci dans mon petit village des Rocky ?

- Non, çà va - s'amusa Eddy - nous allons vous parler un peu de nous ...

- Non, non! - coupa Eva - D'où venez-vous ? Quel est ce village des Rocky ? J'y suis moi-même née, à Ridgway, dans le Colorado, très exactement près de Montrose !... - Moi aussi - s'étouffa Fred - Je suis né sur la petite colline, derrière la maison du Pasteur Hedge !

- Oh ! - fit Eva."

A ce moment précis, Fred fut pris d'une sorte de vertige. il regardait fixement Eva qui, elle- même, semblait absorbée dans la contemplation des yeux de Fred ...

"Eh bien, Vous deux, en voilà une réaction - s'inquiéta Phil- Eh ! Fred, que t'arrive-t-il ? Parle, mon vieux ... "

Ted se pencha vers Eva qui parut ne pas le voir.

Eddy, gêné, toussota à plusieurs reprises, histoire d'attirer l'attention sur lui. Fred sortit alors de sa torpeur, cependant qu'Eva se tournait en souriant vers son fiancé, lui tapotant la main pour le rassurer.

 

" Excusez-moi - dit Fred, d'une voix encore empreinte d'une vive émotion - Je ne sais pas ce qui m'a pris. Sans doute est-ce le Bourbon - bredouilla-t-il

- Oui - fit Eva en écho - çà doit tenir à cela, et un peu à la chaleur.

- Bon, n'en parlons plus - coupa Eddy - et poursuivons la soirée d'une manière plus détendue. Qui serait partant pour passer une petite heure à la discothèque?

- Parce que vous avez aussi une discothèque ? - s'étonna Phil.

- Pardonnez-moi - osa timidement Fred - je crois que je vais aller me coucher. La journée a été dure. Il vaudrait mieux que je prenne un peu de repos.

- Bon, un de moins - dit Eddy - Qui d'autre ?

- Personne" - s'empressa de préciser Phil qui ne voulait pas jeter un malaise de plus dans cette atmosphère soudain trouble et d'une lourdeur palpable.

Fred ne dormait pas encore lorsque Phil rentra se coucher.

" Que fais-tu donc là, assis sur ton lit ? Je croyais que tu étais fatigué ?

- Je ne peux pas dormir, voilà tout ...

- Ecoute vieux, on est assez bons copains pour que tu me dises ce qui t'arrive ! Que s'est-il passé, ce soir ?
- Ce n'est rien, j'ai eu comme un vertige !

- Qui t'empêche de dormir ? Sais-tu la tête que tu as ? Celle de quelqu'un qui aurait vu un fantôme ... Allez, raconte ...
- Phil, mon vieux frère, je te jure que ce n'est pas grave. Et puis, tu ne comprendrais pas ... pas plus que moi-même en tout cas !

- Ne me dis pas que tu as eu un " coup de foudre" pour cette femme ? Tu sais, j’ai été très gêné, ce soir, vis-à-vis d'Eddy et de son fils. Nous avons eu l'impression qu'Eva et toi avez eu un soudain éblouissement l'un pour l'autre ! La sensation a été très très désagréable ...

- Ce n'est pas çà ! Et puis, je ne peux pas l'expliquer. C'est comme un trou noir duquel j'ai eu grand' peine à m'extraire. J'étais ... j'étais ... un autre !

- Eva nous a dit la même chose, tout à l'heure !!!

- Il faut que je la voie, que je lui parle ...

- Ne sois pas stupide. Reste là et dors. Demain tu auras tout oublié. Penses qu'Eddy est un ami. Il ne faut pas céder à tes impulsions ! Tu pourrais le froisser ...

- Il faut que je la voie, te dis-je !

- Je t'en empêcherai, par la force si nécessaire. Ecoute, sois raisonnable. Promets-moi de dormir, et nous reparlerons de cela demain, quand le Bourbon sera évaporé ...

- Je ne suis pas ivre ! Tu le sais bien, il m'en faut bien d'autres verres ... Mais je vais être raisonnable et faire ce que tu me demandes. Je ne dormirai sûrement pas, mais j'essaierai, promis. Bonne nuit !"

Sur ces fortes paroles, Fred s'allongea sur sa couchette, tourné vers la cloison, et ne dit plus mot. Phil partit vers sa chambre, en prenant soin de laisser la porte de communication entr'ouverte.

 

Le grand hangar, où le matériel vomi des flancs de l'ORION avait été entreposé, grouillait déjà d'une vie intense lorsque Fred et Phil arrivèrent, au petit matin. Eddy, que ses occupations avaient appelé ailleurs, n'était donc pas là. Ted se tenait près d'Eva, un peu à l'écart. ils vinrent à la rencontre des deux amis.

"Hello - fit Ted - Comment allez-vous ce matin ?

- Bien, merci - répondit Fred qui se sentait un peu visé par la demande, quoique proférée sur un ton très anodin..

- Nous avons passé une excellente première nuit sur votre planète - dit Phil - mais, quelle chaleur atroce !

- Excusez-moi encore pour mon ... malaise d'hier soir" - se crut obligé de rajouter Fred, qui surprit un regard en coin de son ami Phil.

Ted ne répondit pas et reprit, sans montrer le moindre trouble:

" Nous sommes là en curieux, Eva et moi, mais il va être temps pour nous de reprendre nos postes ! Mon père est parti déposer une équipe au site choisi pour l'implantation de la Centrale. Dommage que vous n'ayez pas été là plus tôt, vous auriez pu partir avec lui. A moins que n'ayez pas des choses très importantes à faire ce matin, auquel cas ...

- La suite des opérations ne nous concerne pas, mais nous devons veiller à la révision totale du vaisseau. Il doit être fin prêt pour le retour vers le Système Solaire. Nous devrons faire escale sur Mars, afin d'y déposer les échantillons minéraux que nous aurons embarqués ici ! Ensuite, direction la Terre, pour préparer notre prochaine mission - s'étendit Phil.

- Je dois justement continuer la collecte des fameux échantillons - dit Eva - seriez-vous intéressés à participer aux " carottages " et autres prélèvements ?

- Mon Dieu, oui - réfléchit Phil - L'ORION peut bien attendre quelques heures. Je vais laisser des instructions à l'équipage, afin qu'il puisse commencer à établir notre "check-list".

- Je vais rester ici pour superviser - fit Fred - Il vaut mieux que l'un de nous deux soit sur place pour parer aux pépins possibles ...

- Comme tu voudras ! Partons-nous ?

- Tout de suite" - assura Eva.

Ils s'éloignèrent, en compagnie de Ted, Fred les regardant longuement disparaître vers le hangar, les deux mains aux poches, le regard fixé sur la silhouette d'Eva.

 

 

Le petit hélico survolait maintenant la lagune voisine de la base, se dirigeant droit sur l'intérieur du minuscule "continent", vers les hauteurs, les seules de la planète. C'était un petit massif de deux milles mètres d'altitude environ, couronné d'une forêt d'une espèce de conifères, à ceci près que leurs fruits étaient plutôt cubiques, aux angles arrondis !

Le paysage qui se déroulait au-dessous du véhicule était d'une monotonie lassante, planté de tous petits arbustes, clairsemé çà et là de quelques uns ressemblant plus à des peupliers qu'à des sapins ...

"Que pensez-vous du spectacle ? - questionna Eva, rompant un silence qui durait depuis le départ.

- Impressionnant -dit Phil - on dirait de la savane, mais en plus vert, ou plutôt de la garrigue ... N’y avait-il pas d'animaux vivant là ?

- Peu ... Pour l'instant nous n'avons découvert que des petites espèces, des reptiles bizarrement poilus, et des minuscules rongeurs à deux têtes !

- Diable ! A quoi cela peut-il bien leur servir ?

- Sans doute une solution trouvée par Dame Nature pour assurer la protection de l'espèce : une tête mange pendant que l'autre fait le guet... et vice-versa, selon leur état de fatigue réciproque sans doute ..."

La conversation se poursuivit un temps, sur le même mode anodin. Le sol défilait, identique à lui-même au long des kilomètres parcourus, sous leurs pieds ... Eva fit bientôt diversion, ne surprenant pas tout à fait Phil, qui s'attendait un peu à ce qu'elle en vienne là ...


" Fred vous a-t-il reparlé de ce qui nous est arrivé hier soir ? - demanda-t-elle, faisant mine d'être très absorbée par ses instruments de navigation.

- Oui, ce matin lorsque nous nous sommes levés.

- Et que vous en a-t-il dit ?

- Rien de bien précis. Il ne sait pas ce qui s'est passé ! Il prétend, comme vous, avoir eu un soudain éblouissement, suivi d'un trou de mémoire ... Ou, plutôt, c'était comme si, un très bref instant, il avait été quelqu'un d'autre!

- Moi aussi ... c'est exactement cela ! J'ai eu cette même impression !

- Je me souviens que c'est là ce que vous m'avez dit, dans la discothèque ...

- C’est curieux, je lui parlais de son village, qui se trouve être aussi le mien ... Comment une chose si banale aurait-elle pu provoquer une telle réaction chez nous ?

- Transmission de pensée, peut-être, ou plus exactement de "ressenti" ? - renchérit Phil, mi-songeur mi-convaincu, tout en regardant attentivement Eva, comme s'il cherchait sur son visage des éléments supplémentaires qui viennent alimenter sa propre réflexion.

- Qu'avez-vous pensé à ce moment-là ?" demanda-t-elle vivement

Phil prit un instant avant de répondre. Puis, il se dit que mieux valait jouer la carte de la franchise :

"Je suis sûr qu'Eddy, Ted et moi avons dû ressentir la même chose, une gène indescriptible ! Pour ne rien vous cacher, j'ai eu l'impression de voir deux êtres pris soudain d'un "coup de foudre" l'un pour l'autre ...

- Ah oui ? - fit Eva, le sourire aux lèvres.

- Pourquoi ce sourire ?

- Pour être tout à fait franche, à mon tour, il faut que je vous dise que Ted a, effectivement,  pensé la même chose. Nous avons eu une fin de soirée très orageuse ...

- Cela paraît vous amuser ?!

- Tout à fait, cela m'amuse ...

- Je comprends. Vous tenez à Ted, et cela ressemble à une petite querelle d'un amoureux jaloux, ce qui vous rassure sur les sentiments qu'il nourrit pour vous ...

- Nous arrivons. " - dit Eva pour toute réponse, soudain plus attentive à la conduite de son véhicule.

Phil ne dit plus mot, regardant devant lui, suivant avec intérêt l'approche du chantier de recherches géologiques, plus très loin maintenant.

Fred ne revit Eva que le surlendemain. Phil avait pensé, un moment, que l'idée que son ami avait émise le fameux soir, de la revoir pour lui parler, lui était définitivement sortie de l'esprit.

Ce matin-là, Eddy les avait convoqués, tous deux, pour assister au départ du Pégase, petit vaisseau-navette qui devait ramener Eva et quelques membres de son équipe de géologues vers le Système Solaire.

Phil s'était étonné du fait qu'il n'était pas prévu que ces gens-là puissent revenir sur l'Orion, avec eux. Eddy lui avait expliqué que le Pégase était un bâtiment civil, privé de surcroît, et que des intérêts particuliers interdisaient ce genre d'accord. Eva était elle-même sous contrat, dans une grande firme européenne. La FCG avait, par contre, le monopole des transits de matériels et matériaux collectés.



à suivre…

 

Signature 4 

 

 

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