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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 10:51

Chant V

Cinquième couplet

 

Françoise était non seulement une femme très jolie, intelligente, instruite, sportive et très sociable, mais, pour compléter ce tableau idéal, elle était d’un naturel gai. Elle s’amusait de tout, était une collègue agréable et recherchée. Sa compagnie, hors service, était une bénédiction pour ses amis. Ce jour-là, elle était plus que gaie ! Quasiment euphorique ! La vie lui souriait, à tous les étages de ses attentes. Ce jour-là, donc, elle venait de mettre un terme à une série de recherches ardues, et son équation finale allait lui valoir au moins le Nobel… Non, tout de même pas ! Tout au plus les félicitations de sa hiérarchie, très pointilleuse quand aux résultats du Laboratoire du CNRS et de ses chercheurs ! Sa gaieté était donc bien « normale », et elle soupirait d’aise, devant le temps qui passait pour elle, entre son métier, son mari, sa vie tout court, et, de plus, elle venait « d’adopter » un grand frère… C’est ainsi qu’elle considérait Dominique. Elle qui n’avait eu que trois sœurs, voilà qu’elle avait trouvé un homme qui partageait ses plaisirs, ses envies, ses idées, enfin, tout ce qui la motivait et la rendait heureuse…

Il est vrai qu’au début de sa relation avec Dominique, elle ne savait à quoi elle avait affaire ! Etait-il un amoureux potentiel ? Un Type qui aurait juste « profité » de cette relation pour « aller plus loin » ? Plus d’une fois, elle s’était demandé si elle-même n’était pas tombée amoureuse de lui…  Mais plus le temps s’écoulait, plus elle était certaine de ne pas se tromper : Dominique était bien son « âme-sœur », celui dont elle avait manqué toute sa vie, jusque là, son Frère de cœur…

Elle se demandait bien si cela ne causait pas quelque souci à Dominique. Comment se justifiait-il auprès de sa propre femme ? Comment Elisabeth prenait-elle cette relation entre son mari et une… amie ? Mais, après tout, ce n’était pas « vraiment » son affaire. Elle avait bien posé la question à Dominique, plusieurs fois. Il s’était contenté de répondre qu’il n’y avait aucun problème avec sa femme, et que s’il y avait un jour un, il « saurait » comment le résoudre ! Françoise, les yeux fermés, croyait en lui, et n’y songea plus. Elle était heureuse, voilà tout ! Elle attendit qu’il soit pratiquement midi pour sortir de sa rêverie… Elle rêvait de « Bravo », « Excellent travail » qu’elle ne manquerait pas de recevoir. Mais, l’idée lui vint qu’elle devait en informer Dominique avant tout le monde ! Pourquoi pas Bob ou son assistant ? Elle ne savait pas. Mais elle attrapa son téléphone et appela Dominique.

 

« Allo ? Dominique ?

-      Oui, ma Françoise, c’est moi… Que désires-tu ? Tu déjeunes avec moi ? Non ?

-      Oh, écoute mon Dominique, je ne pourrai pas aujourd’hui… Il m’arrive quelque chose de génial !

-      Ah ?! Je croyais que la seule chose géniale qui puisse t’arriver était de me voir… ?

-      Non, ce n’est pas de cela que je parle… Voilà, tu sais, je t’ai parlé de mes recherches actuelles au Labo ?

-      Oui, mais je n’y ai rien compris !

-      Je ne te demande pas de comprendre mais d’écouter ce qui m’arrive !

-      J’écoute…

-      J’ai trouvé ! J’ai trouvé ! Eureka…

-      Tu as trouvé quoi ?

-      L’équation, la Solution ! Mon travail a enfin abouti… J’ai testé mille fois les résultats, et tout est bon…

-      Oh, je crois que tu avais tenté de me faire ingurgiter cela, et, si ma mémoire est bonne, il s’agissait de prouver que l’espace-temps était non un simple agglomérat  de ces deux facteurs, mais qu’en plus, une dimension psycho-analytique en faisait partie intégrante ?

-      Bravo ! Tu as bien retenu la leçon… C’est « exactement – à peu près cela » ! Quoique qu’il ne s’agisse pas de psycho mais de « photo » et pas plus d’analytique, mais de « hyper-dimensionnique » ! Les photons, tu connais ?

-      Mouais…

-      Les « dimensions », tu connais ?

-      Mouais…

-      Mais alors, tu connais tout mon Dominique ?!.... »

 

André, ce même matin, était au bureau et avait l’air bougon… Dominique, qui venait d’avoir Françoise au bout du fil, entre dans son bureau, gai comme un pinson et avec une envie toute pantelante de raconter la nouvelle à André.

 

« Bonjour, André… Puis-je entrer ?

-      Entre, Dominique, entre…

-      J’ai quelque chose à t’apprendre…

-      Marrante, triste ou quoi d’autre ?

-      Françoise a réussi…

-      A te sauter dessus ?

-      Non, arrête déjà de plaisanter… Elle a réussi dans les recherches qu’elle menait depuis des mois !

-      Depuis des mois ! Que cherchait-elle ? Un mec ? mais, elle t’a trouvé, non ?

-      Tu ne peux être sérieux deux minutes ?

-      Mais je suis très sérieux ! Qu’y a-t-il de plus important que ça ? Sauter et se faire sauter ?

-      C’est très vulgaire, et je m’étonne de toi… Que t’arrive-t-il ?

-      Oh, rien, si tu savais…

-      Eh bien dis-le-moi, ainsi je saurai !

-      Tu veux vraiment que je te le dise ?

-      Oui, vraiment… J’attends…

-      Ecoute, mon petit Dominique (Dominique était surpris de ce « petit » inhabituel dans la bouche d’André), je vais tout t’avouer… J’ai une relation avec la femme d’un ami !

-      Oh, c’est tout ? Tu m’as fait peur… je croyais que tu étais malade !

-      Cela me rend malade !

-      Bon, soyons sincères, mon « petit »André. Si cette femme s’est jetée dans tes bras, c’est son problème, non ? Comme je te connais, tu n’as jamais fait de crise de remords chaque fois que tu as eu une aventure avec « des » femmes ? Fut-elle celle d’un « ami »…

-      Oui, d’accord, mais cette fois-ci, c’est différent !

-      Serais-tu amoureux d’elle ?... Bon, écoute-moi bien, oublies donc ça pour aujourd’hui, et réjouis-toi avec moi du succès de Françoise…

-      Dis-moi, Dominique… J’ai tout de même une question très importante à te poser…

-      Oui, vas-y, mais la dernière, sinon « mon chef-toi » va m’enguirlander. Alors, cette dernière question TRES importante ?

-      As-tu jamais trompé ta femme, Elisabeth ? … même depuis peu, avec ta Françoise ?

-      Jamais ! J’aime Elisabeth et je n’ai vraiment aucune envie de la tromper, serait-ce avec la Vénus de Milo ! Je suis heureux avec elle. Quand à « ma » Françoise, comme tu l’appelles… n’oublies pas que c’est toi qui me l’as présentée, et que nous sommes devenus de véritables amis, rien que des amis… ! »

-      Vraiment ?! Rien que « des amis » ?...

 

 

 

Chant V

Sixième couplet

 

Elisabeth tournait en rond… Elle avait amené Gérard à l’école, et, mises à part quelques courses qu’elle venait de faire dans les boutiques du quartier, elle n’arrivait pas à se concentrer, que devait-elle décider… Quel parti prendre ? Tout avouer à Dominique ou ne rien dire ? Elle était persuadée, car c’était clair et évident, qu’il avait une aventure avec « sa » Françoise… Mais, est-ce que cela allait durer… Dominique avait l’air si sincère quand il disait « Je t’aime » à son épouse… Peut-être était-ce là une passade, comme beaucoup d’hommes en ont ? Passée la quarantaine, ils ont le fameux « démon de Minuit »… Ils se retournent vers ce qu’ils ont déjà vécu, et sont vraisemblablement déçus d’avoir « fait si peu » ! Mais, non, lui disait sa mauvaise conscience, cela ne tenait pas debout. Tous deux avaient une vie agréable, un enfant merveilleux, de l’argent, un bel appartement, enfin, que pouvait-il manquer ? De l’amour ? Elle et lui en avait, l’un pour l’autre… Des « rapports »… Sur ce plan-là, c’était vrai, ce n’était pas des embrasements du début ! Mais tous les couples passent par ces instants de doute, et de crainte de ne plus être désiré…, de ne plus plaire à l’autre. Physiquement, Dominique n’était plus le beau jeune homme qu’il fut. Et elle, Elisabeth n’était plus une jeune fille « appétissante » et « à croquer sur-le-champ » qui avait séduit Dominique, mais, comme on lui disait parfois, elle « promettait » encore ! Elle entretenait sa beauté, son corps, ses attitudes… Enfin, tout ce qui devrait séduire un homme pendant toute une vie ! Et elle pouvait se vanter de faire tourner bien des têtes… Ah, oui, celle d’André aussi ! Mais, là, ce n’était pas la même chose, de son point de vue. André était arrivé au moment « m » où elle avait eu besoin de se rassurer ! Maintenant, si cette relation durait, c’était… c’était… Elle ne savait d’ailleurs pas au juste pourquoi ! Sans doute à cause de son désespoir, d’avoir vu Dominique fuir vers d’autres bras que les siens ? Cela la soutenait moralement d’être « une femme » désirée… Etait-elle coupable ou responsable en quoi que ce soit ? Non, elle ne le  pensait pas le moins du monde… Et puis, cette « traînée de Françoise » avait tout fait pour donner cette pichenette destructrice, qui faisait chanceler son couple. De toute façon, elle aurait sa revanche sur Françoise ! Elle aussi paierait à son heure…

Elisabeth se saisit du téléphone et appela André :

 

« Allo ? André ?

-      Oui, ma belle, ton mari quitte tout juste mon bureau… Cela a failli être un problème pour te répondre… Qu’y a-t-il ? Que se passe-t-il, plus exactement ?...

-      J’ai besoin de te voir, à midi…

-      Pas aujourd’hui, pas aujourd’hui… J’ai des soucis !

-      Quels soucis pourraient t’empêcher de venir me voir ?

-      Je…je culpabilise…

-      Comment ? Tu culpabilises à quel propos ?

-      Toi et moi…

-      Ah, non… Pas ça ! Cela te prend tout d’un coup, comme ça, comme une envie de…

-      Arrête ! D’accord, je viendrais tout à l’heure. Il faut que je t’explique quelque chose…

-      Eh bien, quand tu seras près de moi, tu auras tout le loisir de m’expliquer cela… A tout à l’heure, « mon beau » ! Je vais t’attendre encore plus impatiemment que d’habitude… »

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