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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 18:50

 

Le lendemain matin, elle ne bougea pas de son lit, prétextant une « fatigue passagère ». Dominique prépara le petit déjeuner de Gérard et monta le sien à Elisabeth. Après un bref « au-revoir » du bout des lèvres, il partit amener son fils à l’école.

 

 

Chant IV

Deuxième couplet

Le week-end et lundi passèrent… Mardi ! Le jour fatidique était donc arrivé… Sans précaution aucune, Dominique, en partant pour le bureau, se saisit de son sac de sport qu’il déposa dans le coffre de sa voiture.

André et lui arrivèrent de concert devant la porte de l’entreprise :

« Ah ! Dominique – attaqua André le premier – prêt pour ce soir ?

-      Bonjour André ! Oui, prêt pour ce soir.

-      Bien… attends-toi à une surprise !

-      Une surprise ?

-      Oui, j’ai une forme à tout casser aujourd’hui ! Je te réserve une « raclée maison ! »

 

La journée s’écoula, ni plus courte ni plus longue que d’habitude. Dominique pensait bien à « la soirée », certainement, mais aussi à Elisabeth dont il ne comprenait pas, ou ne voulait ni ne pouvait comprendre l’’état d’esprit qui l’animait. Etait-elle jalouse ? Sans aucun doute… De Françoise ? Sûrement… Pourtant Dominique n’avait pas le sentiment d’être infidèle en rencontrant la jeune femme. Physiquement s’entend ! Pour les sentiments ? Il ne savait qu’en penser. Il aimait vraiment Elisabeth… mais était attiré par Françoise !

 

Ce mardi-là, donc, Elisabeth était chez elle, seule comme à l’accoutumé. Gérard était à l’école et Dominique au bureau. Il n’était pas loin de dix heures du matin lorsqu’on sonna à la porte. Elisabeth, pensant que cela pouvait être quelque démarcheur, ne broncha pas, dans un premier temps. Alors, la sonnette retentit une autre fois, puis une autre… Elisabeth se décida à se lever du fauteuil où elle feuilletait un magazine, et alla ouvrir à l’importun. Toute surprise, elle aperçut André, un sourire ravi aux lèvres :

« André ! Si je m’attendais à voir quelqu’un ce n’était pas toi !

-      Bonjour Elisabeth… Tu me laisse sur le paillasson ou j’entre ?

-      Entre donc, bien sûr ! Que fais-tu là à une pareille heure ?

-      Eh bien, j’étais dans le quartier, pour un client… alors, je me suis dit que je pourrais te rendre une visite amicale !

-      Tu as bien fait. J’attendais, en lisant, l’heure de me mettre à cuisiner.

-      Tu cuisines pour toi seule ?

-      Non, moi, le midi, je « chipote », j’avale quelques fruits ou un yaourt. J’allais préparer le repas du dîner. Tu sais, deux hommes à table, cela nécessite que l’on leur mette quelque chose de consistant à manger !

-      Oui, je comprends bien cela…

-      Je t’offre quelque chose à boire ? Un café, un thé ?

-      Non, merci, ni café ni thé… plutôt un alcool, vu qu’il est presque l’heure du déjeuner. »

 

N’ayant pas prévu cet apéritif impromptu, Elisabeth n’avait pas « fait le plein » de son bar.

 

-      Whisky ? – proposa-t-elle – Je n’ai que cela !

-      Va pour un whisky, ma belle ! Mais tu m’accompagnes…

-      Tu sais, je n’ai pas l’habitude de boire à cette heure-là !

-      Hoooo, je sens que je vais refuser de boire si je suis seul !

-      Bon, d’accord, mais juste un tout petit verre. »

-      André s’installa dans le grand fauteuil du salon, pendant qu’Elisabeth sortait deux verres et la bouteille de whisky. Elle servit une rasade qui lui parut suffisante à André, et versa un léger « doigt » dans son propre verre.

 

« Glaçons ? – demanda-t-elle.

- Non, merci ! Ce serait dommage de refroidir nos verres et l’atmosphère !

- Ah ? Tu trouves l’atmosphère pas assez chaude ?

- Ben, vois-tu, je me sens tout intimidé devant une si jolie femme que toi, et, pour ne rien te cacher, je voudrais te parler…mais pas de si loin. »

 

Ce-disant, il tapota la place vide à côté de lui, pour faire comprendre à Elisabeth qu’elle devrait s’y asseoir. Elle s’exécuta, pensant qu’André avait quelque chose d’important à lui dire, et qu’il ne voulait pas parler à trop haute voix. Les murs auraient-ils des oreilles pour André ?

« Alors, André, qu’as-tu à me raconter ? Tu as un air bien mystérieux ! »

 

Pour toute réponse, André posa sa main sur celle d’Elisabeth, et commença :

 

« Eh bien, voilà… je voulais te parler de toi et Dominique.

-      Ah ! Je me doutais bien qu’il s’agissait de lui !

-      Oui…et non ! Ecoute mon petit, tu es une femme intelligente, jolie, et j’ajouterais extraordinaire ! »

Elisabeth avait sursauté, intérieurement, en s’entendant appeler « mon petit ». Bof, se dit-elle, André est peut-être P.D.G., mais après tout, son éducatio mondaine laissait-elle à désirer.

«  Tu vas me faire rougir ! Voilà deus fois que tu me dis belle ou jolie…

Ah, écoute, je suis un garçon direct ! Si je te trouve jolie, je te le dis, c’est ainsi ! »

 

André se saisit de la bouteille de whisky et s’en servit une seconde rasade. Il fit de même avec le verre d’Elisabeth qui fit mine de refuser, en vain.

 

« Bon – reprit André – tout d’abord, portons un toast !

-      Un toast ? A qui ? A quoi ?

-      Au hasard qui nous a fait nous rencontrer.

-      Nous ?

-      Oui, nous quatre, à Bénodet…

-      Ah, bon…

-      Te rends-tu compte que cela a été un événement considérable ?

-      Considérable ? Mais, mon Dieu, je ne vois pas en quoi… Tu exagères, André !

-      J’exagère ? Mais non, ma belle ! Sans vos vacances en Bretagne et le fichu avion que nous n’avons pas pu prendre, je ne serais pas, aujourd’hui, avec toi !

-      Si on veut ! Cela n’a rien d’extraordinaire ! Parle-moi plutôt de Dominique…sinon, je vais penser que tu n’es là que pour me faire la cour !

-      Te faire la cour ! Oh, en voilà bien des « mots de femme » ! Tu n’es pas, j’en suis sûr, de celles qui mettent de la distance entre elles et leurs amis, ‘au cas où » !

 

La conversation ne finissait pas de commencer. La bouteille, elle, était bien entamée. André buvait rasade sur rasade, et Elisabeth, réticente au début, finissait par perdre le compte, saoulée autant par l’alcool que par le verbiage d’André. Plus d’une heure était déjà passée, et Elisabeth n’avait pas encore obtenu le moindre mot sur Dominique ! Qui plus était, elle commençait à ne plus savoir ce qu’elle faisait là, ni ce qu’André était venu faire chez elle…

A ce moment-là où elle n’arrivait plus à se contenir, André la tira doucement mais fermement contre lui.

 

Chant IV

Troisième couplet

Elisabeth repris ses esprits petit à petit… Elle ne savait pas vraiment où elle était, ni quelle heure il pouvait être. La seule chose dont elle prit conscience, c’est d’être allongée… Elle avait du mal à ouvrir les yeux, et la tête lui faisait mal. Comme un bourdon qui sonnerait au loin… Elle sentit bien, soudain, qu’on la touchait. Elle fit un effort pour émerger de sa torpeur, et pensa que, finalement, tout était normal. Dominique était là, couché près d’elle, et il faisait jour dans la chambre… Etait-ce un jour de repos, un dimanche ? Comment Dominique pouvait-il être au lit par une clarté pareille ? Il devait être pas loin de midi… Elle se retira vers son « coin de lit », pensant qu’après tout elle était trop fatiguée pour bouger ! Puis, le temps passant doucement mais assez vite pour qu’elle reprenne ses esprits, elle se tourna sur son coude pour demander à Dominique de ne pas trop se coller à elle. Elle avait horreur de cela ! Elle poussa un cri strident lorsqu’elle aperçut André à ses côtés… Elle se leva d’un bond et tout lui revint en mémoire, d’un seul coup !

« André ? Mais, mais… Que se passe-t-il ? Ce n’est pas possible ! André, tu m’entends ? Que fais-tu là ? Que faisons-nous là ? Ce n’est pas vrai ! C’est impossible !

-      Tout doux, ma belle, ne crie pas ainsi… C’est moi, André…

-      Ahhh ! Non, pas ça, pas ça… Que s’est-il passé ? Que fais-tu dans mon lit ? Mon Dieu, ne me dis pas que…

-      Que ? Mais oui, ma belle, je te dis que… D’ailleurs, tu étais partante, tout à l’heure, quand…

-      Partante ? Partante pour quoi ? Ne me dis pas que…

-      Que …

-      Que tu m’as touché… Que tu m’as… Non, dis-moi que je rêve, que je suis folle !

-      Mais non, ma Chérie, tu n’es pas folle…

-      Ta Chérie ! Oh, non, pas ça…

-      Tu sais, quand nous avons « commencé », tu ne parlais pas ainsi. Tu avais l’air radieuse, éperdue. Tu voulais faire l’amour, ce que nous avons fait !

-      Salaud ! Salaud ! Tu es un monstre ! Tu as profité de moi parce que j’étais saoule !

-      Allons, pas de grands mots… Tu n’étais pas saoule, pas plus que moi. Nous avons un peu bu, c’est vrai, et quand je t’ai senti si fragile et si désirable à la fois, j’ai fait ce que j’ai cru bon de f…

-      Que tu as cru bon ? Salaud ! Je te hais, je te hais… Tu m’as salie…

-      Ecoute, calme-toi et reviens à des idées plus claires, à des choses plus dans la norme. Quand tu as compris que Dominique avait une liaison, tu n’as pas hésité une seconde à…

-      Une liaison ? Dominique ? Mais quand l’ai-je su ? Qui m’a raconté une telle horreur, un tel mensonge ? Je l’aime, moi, Dominique… Je ne l’aurais jamais trompé, même s’il avait une liaison…

-      Même avec Françoise ?

-      Tu me dégôu…

-      Chut, pas de paroles définitives !

 

Elisabeth s’affaissa sur une chaise et se mit à sangloter. André en profita pour sortir du lit, se glisser dans son pantalon, et s’approcha d’Elisabeth, effondrée et recroquevillée sur elle-même. Il s’approcha prudemment et la prit par les deux mains, agenouillé devant elle.

« Allons, pleure, pleure un bon coup. Cela te fera du bien…

-      Pourquoi ? – lui dit-elle sans le regarder – Pourquoi ?...

 Elle ne chercha pas à fuir les mains qui lui tenaient les poignets. Elle était si lasse que peu lui importait, au fond ce qui pouvait lui arriver maintenant. Elle ne réfléchissait plus, elle était prête à tout, à mourir s’il le fallait. André se releva, tout en la redressant aussi. Quand ils furent debout, face à face, il la serra contre lui. Puis, avec une douceur d’ange, il posa sur le lit, et s'allongea sur elle…

 

Chant V

Premier couplet

Bientôt midi ! Dominique prit son téléphone, posé sur son bureau, et fit le numéro d’appel de Françoise… La douce voix de la jeune femme lui ravit l’oreille lorsqu’elle demanda :

 

« Oui ? Qui demandez-vous ?

-      Bonjour – fit Dominique en changeant sa voix – Je  désirerais parler à Madame Françoise Grazzioli, s’il vous plaît…

-      Oui, de la part de… ?

-      De quelqu’un qui aimerait l’inviter à déjeuner !

-      Dominique, c’est vous ? Quel sacré farceur vous faites !

-      Alors ? Vous êtes d’accord ?

-      Oui, bien entendu !

-      Même heure même place que l’autre fois ?

-      Cela me convient… à tout à l’heure ! »

 

Et, comme convenu, Françoise et Dominique se retrouvèrent au même restaurant que le « fameux » mardi… Ils étaient là comme s’ils avaient fait cela depuis très longtemps. Habitude déjà prise, Dominique commanda un apéritif que Françoise accepta de bon cœur.

 

«  Alors – fit-elle – de quoi parlons-nous aujourd’hui ?

-      De vous… ?

-      Ah, non ! Pas encore de moi !

-      Mais c’est exactement ce qui m’intéresse…

-      Et le tennis ? Cela vous intéresses-t-il ? Ce soir, je sais que vous serez là, avec André.

-      Oui, il me l’a demandé il y a quelques jours.

-      Et vous y allez ?

-      Ben oui, je crois…

-      Vous croyez ou vous en êtes sûr ?

-      Mais, c’est une enquête de Police que vous menez là !

-      Eh bien, c’est pour arriver à vous dire que je n’y serai pas ! »

 

Dominique faillit s’étouffer avec sa gorgée de vin cuit.

 

« Ah, non, ne me faîtes pas ça !

-      Tout d’abord, voulez-vous que nous arrêtions ce vouvoiement qui nous met à bonne distance l’un de l’autre ?

-      Oui, je ne demande pas mieux… Mais, pour quelle raison ne viendriez, ne viendrais-tu pas ce soir ?

-      J’ai tant à faire à la maison ! J’ai des montagnes de calculs à revoir, et je voudrais que cela soit fait pour une réunion très importante, demain après-midi…

-      Allons, ne me fais pas ça… S’il te plaît ! Ne peux-tu remettre ces calculs à plus tard ?

-      Bon, écoutes-moi bien. Je vais faire un effort. Je viendrai jouer, mais ne partirai pas au-delà de vingt-deux heures ! Cela te convient-il ?

-      Oh, oui… Cela me convient tout à fait.. ; »

 

Le repas se déroula ainsi, de questions en réponses, sur des thèmes pris au hasard, mais qui, curieusement, répondaient à des critères que tous deux affectionnaient ! Ils se quittèrent, cette fois encore, avec une chaleureuse, très chaleureuse poignée de mais… Dominique eût du mal, d’ailleurs, à lâcher celle de Françoise.

 

Chant V

Deuxième couplet

La soirée s’annonçait bien pour Dominique. Il n’avait pas vu André de la journée. Mais certain que celui-ci avait dû perdre beaucoup de temps avec ses clients, il n’imagina même pas qu’il puisse ne pas être au rendez-vous fixé ! Sa journée de travail terminée, il passa un coup de téléphone à Elisabeth, depuis son portable, assis dans sa voiture et prêt à démarrer pour se rendre au Club de Tennis.

« Allo ! Chérie ?

-      Oui, - répondit Elisabeth, avec une voix d’outre-tombe.

-      Comment vas-tu ? Tu n’as pas ta voix habituelle…

-      Mais si… J’ai la même voix que les autres jours, je t’assure !

-      Bon, n’as-tu pas pris froid ? Es-tu sortie ? Etais-tu assez couverte lorsque tu es allée chercher Gérard ?  

 

 

Dominique, lui, continuait son petit train-train de vie. Il avait fini par comprendre que Françoise n’était pas une femme qu’il « désirait », mais que c’était surtout sa compagnie qui le motivait ! Ils en conclure d’ailleurs tous deux, lors de leurs fréquentes discussions « à bâton rompu », qu’ils avaient été faits pour se rencontrer, un peu comme la fameuse théorie des « âmes-sœurs » ! Leur finalité partagée était l’amitié… Un peu comme s’ils étaient frère et sœur.  Donc rien de répréhensible, au total ? Quoique les mentalités actuelles ne leur autorisaient pas ce type de relation ! Qui peut croire qu’un homme et une femme soit amis ? Si l’on jette cela en pâture à la gent commune, elle répondra « Mensonge, Dissimulations ! » Et pourtant… Françoise et Dominique devinrent les meilleurs amis du Monde ! Chacun ne voyait en l’autre un homme ou une femme. Quand ils pensaient l’un à l’autre, c’était Mon Ami, ou mon Amie !

 

à suivre...

Signature 4

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